J’ai cette chance inouïe d’avoir hérité de papa une petite
maison dans les montagnes pyrénéennes catalanes.
Cette maison, dans ce village perdu, est un refuge, un repaire.
J’y suis bien, et j’aime quand elle vit.
Cet été nous y étions en août pour la fête du village, et quel
bonheur de voir ce village vivre, s’amuser. Quel bonheur de se promener dans
les quelques rues et de croiser des « gens de là-haut » et des gens d’ailleurs.
La fête existe grâce à la volonté d’un comité des fêtes plein
d’entrain, un comité composé essentiellement de jeunes, mais qui pense aussi
aux moins jeunes, un comité qui ne manque pas d’inventivité pour trouver des
animations, des idées neuves.
Cette année, Rémi nous a fait danser plusieurs soirs, avec le
désir de faire plaisir à tout le monde, de mettre de la musique pour tous les
goûts.
Cette année, comme chaque année, le concours de boules a
attiré tous les gens du village et ceux des environs, et il a duré.
Cette année, comme chaque année, le maire et la commune nous a
offert l’apéritif au son d’une « cobla » venue de Banyuls. La
sardane, cette danse typiquement catalane, s’est dansée avec joie et entrain.
Cette année, Clément et les autres ont organisé une soirée
costumée qui a amusé petits et grands. Les costumes inventifs tirés des malles
et ceux loués pour l’occasion se côtoyaient dans une joyeuse ambiance. Mon
amoureux a immortalisé tous ceux qui le désiraient.
Et après la fête, pour finir les restes et utiliser le barbecue
communal, des textos ont circulé pour une soirée burger en toute simplicité.
Une soirée où l’on a fait plus ample connaissance avec ceux qui ne viennent pas
souvent ou que l’on n’a pas l’occasion de croiser. Une soirée qui a duré, pour
les plus jeunes, jusqu’à tard.
A Ayguatebia on n’a pas peur de déranger avec le bruit. Tout
le monde est tolérant.
Mes précieux amis Jean-Phi et Jean-No sont venus passer
quelques jours avec nous, ils ont découvert mon coin perdu. Un peu étonnés, ils
l’ont apprécié, et je crois qu’ils ont compris pourquoi j’y étais aussi
attachée.
Avec eux nous avons mangé une délicieuse paella à Puigcerda,
avec eux nous avons goûté aux joies des bains chauds de Llo, avec eux la
plancha a bien servi. Des moments d’amitié et de chaleur comme je les aime.
Et puis il y a les cousins, nos voisins d’en face, qui sont
surtout des amis. Ils passent une partie de l’été là, avec souvent enfants et
petits-enfants. C’est joyeux, ça vit.
Nous partageons la même cour, on peut passer de longs moments
à discuter, partager des apéros bon enfant, s’entraider. Ma famille proche est
si petite que ces moments-là sont précieux.
Et puis les cousins de passage, qui ont aussi un pied à terre
autour de la même cour, Mane, Patricia, Vincent et son petit Louis. Et là on
organise un apéro impromptu, une table dans la cour, chacun y apporte ce qu’il
a à boire et à manger, et le moment dure, longtemps.
Mon repaire c’est le soleil ou la brume sur le Canigou, juste
en face de nous, c’est le clocher qui commence à sonner à 8h et qui s’arrête à
22h, c’est le coq de Bernard qui chante sans horaire, c’est une vue qui est
imprégnée en moi, qui me sérénise, qui me fait un bien fou.
Et l’été il peut y faire chaud dans la journée, mais le soir
on se glisse sous le drap et la ou les couvertures avec bonheur.
En septembre nous y sommes retournés, suivis par nos amis du
bout du monde qui ont maintenant jeté l’ancre dans leur Provence natale pour
une retraite méritée.
Leur regard émerveillé quand ils ont découvert l’endroit m’a
fait chaud au cœur. C’est sûr, ça leur plaisait.
Plus de maisons qui s’animent de l’autre côté de la cour, nous
étions seuls comme des rois.
Privés de montagne depuis longtemps, ils nous ont entrainés
vers les sentiers de randonnée, ils m’ont fait franchir mes limites et j’en
étais fière, et je les en remercie.
Les Bouillouses, le col del Torn, le lac de Matemale, le col
de la Llose, je crois bien que tout cela leur a plu. Et c’était bon d’être avec
eux.
Le soir du premier match de l’équipe de France de rugby, nous
sommes allés profiter de l’écran géant installé à Formiguères, et, bien emmitouflés,
avec nos pizzas, nous avons regardé le match et supporté les commentaires de l’animateur
local. Je ne me suis jamais intéressée au rugby, mais j’étais bien.
A Puigcerda nous avons à nouveau mangé la délicieuse paella.
Et nous avons profité des rayons du soleil de fin d’été sur la
terrasse, autour d’un café ou autre, avec toujours cette vue dont je ne me
lasserai jamais.
Nous sommes repartis quelques jours après eux, en fermant la
maison. Mais quand les cousins reviendront, pour les prochaines vacances
scolaires, ils savent qu’ils peuvent en profiter. Chez nous c’est chez eux
aussi. Un côté « communauté » que j’ai toujours rêvé de trouver.